04/10/2017 : Bercy pirate lui-même les e-mails de ses agents (Le Figaro). QU’IL EST NEUNEU L’AGENT DES IMPOPÔTS ?!

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Colère et étonnement chez les agents des Finances Publiques : une interview dans le Figaro, donnée par un collègue des services informatiques, révélerait que 30 000 agents seraient « tombés dans le panneau » de l’exercice de sensibilisation du ministère (faux mail de phishing, soit un faux faux mail… Ubu Roi et la pompe à phynances ne sont pas loin).

Colère et étonnement, pas à l’idée que des collègues soient tombés dans le fameux panneau ; nous savons tous que la culture informatique et les règles de prudence ne sont pas unanimement partagées, et que des rappels sont salutaires, tous grades confondus …

Colère et étonnement, de voir que le lendemain de cet envoi test, une interview est accordée au Figaro, par un agent des services informatiques des Finances Publiques.

Pourquoi ?

- Parce que si cette interview a été accordée aussi rapidement, c’est qu’elle était préméditée.
- Parce que l’on n’imagine pas que l’agent interviewé ait pris de lui-même l’initiative de se faire interroger par le Figaro : c’est donc la Direction Générale des Finances Publiques qui est derrière cette initiative.
- Parce que le devoir de réserve n’est pas un vain concept pour les agents des Finances Publiques.
- Parce que cette interview se base forcément sur des données statistiques brutes. Dans les services, informés de cette opération de Bercy, les collègues ont, pour beaucoup, cliqué en connaissance de cause sur le lien, pour lire le communiqué et le rappel des règles prudentielles.
- Parce qu’avant que l’information ne soit offerte au Figaro, les agents auraient aimé en avoir la primeur, sous la forme d’une étude statistiquement un tant soit peu robuste et affinée.

Quelle est la finalité de cette opération, faite de précipitation, de préméditation et d’indiscrétion ?
Quels étaient l’intérêt et l’urgence à décrire, à demi-mots mais médiatiquement, les agents des Finances Publiques comme des benêts informatiques, dupés par le premier phisheur venu ?

Colère et étonnement, car si les fonctionnaires ont le cuir rendu un peu épais par des années de bashing, ils sont moins habitués aux coups de poignard dans le dos : quand la DGFIP se charge des basses œuvres d’officines patronales telles que l’IFRAP, d’une certaine presse fondamentalement hostile à la fonction publique, quelle est l’intention ?

S’agit-il de préparer l’opinion à la baisse drastique d’effectifs de la fonction publique, et tout particulièrement ceux des Finances Publiques ? 30 000 abrutis qui cliquent n’importe quoi et n’importe comment, c’est du gras de mammouth, du dispensable, de la dette sur patte ?

Merci en tout cas de la part de tous les agents en contact avec le public ; ils apprécient tout effort pour les décrédibiliser un peu plus devant un public déjà nourri au sein du fonctionnaire-bashing.

Quelle conclusion devons-nous en tirer ? Que la DGFIP ne respecte ni ses agents, ni le devoir de réserve ?

Qu’à notre tour, nous pouvons accorder des interviews quand cela nous chante, pour parler de la gabegie du CICE ? Des niches fiscales qui dépouillent la fiscalité de son fondement redistributif ? Des rémunérations et avantages en nature hors du commun dont bénéficient certains hauts fonctionnaires ? Devons-nous évoquer la bérézina bien enterrée du projet Copernic ? Devons-nous évoquer l’inquiétante prolifération des usurpations d’identité bancaire contre lesquelles luttent les SIE avec des moyens pathétiques ?

A tout le moins, nous demanderons des comptes et des explications.

La CGT Finances Publiques 13.

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